Examen de concert de Jieru Ma

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Participants

Jieru Ma → Percussion

Programme

Wen Deqing → Kung Fu
Georges Aperghis → Le corps à corps
Florian Magnus Maier → Soleá
Steven Snowden → Longue Distance
Alberto Bernal → Impossible Translation #3

不可翻译的 Intraduisible

Ce concert comprend des œuvres issues de différents contextes culturels et esthétiques, qui dépassent les frontières du langage, du mouvement, de la technique et du son. Elles naissent dans l'acte de "traduction" - et se perdent aussi dans les malentendus. Que reste-t-il lorsque nous traduisons entre culture, corps, langue et rythme - et est-il possible que certaines expériences ne soient tout simplement pas traduisibles ?

Le "Kung Fu" de Wen Deqing et "Le corps à corps" de Georges Aperghis sont issus respectivement de la philosophie chinoise et d'un contexte textuel français. Tous deux travaillent avec un langage fragmenté, une rythmique vocale et des mouvements corporels :
"Kung Fu" tente de reproduire en musique la dynamique et le cycle du yin et du yang, tandis que "Le corps à corps" présente quelque chose de cauchemardesque - un paysage visuel et émotionnel qui dépeint l'état psychique d'une confrontation physique à la limite extrême. Mais comment traduire le yin et le yang dans un contexte non chinois ? Comment la musique peut-elle représenter l'état psychique d'un corps ? Ce sont des expériences qui ne peuvent pas être entièrement transposées en musique - et c'est précisément pour cette raison que la musique s'en rapproche sans cesse.

Avec "Soleá", Florian Magnus Maier tente de transposer le vocabulaire rythmique du flamenco de la guitare au marimba. Cette "traduction" qui transcende les cultures et les instruments est forcément un processus incomplet : elle perd le timbre de la guitare, mais ouvre en même temps un nouveau langage pour la percussion.

Long Distance" de Steven Snowden traverse le concert en trois sections - comme une ligne téléphonique qui relie les différents morceaux entre eux. Le matériel provient d'enregistrements sonores d'activités de piratage téléphonique dans les années 1970 aux États-Unis. En manipulant des téléphones publics, en concevant de petits appareils ou encore en sifflant à plusieurs reprises des sons à des fréquences spécifiques, les hackers pouvaient communiquer sur de longues distances et écouter les grésillements, les clics et les bourdonnements de la machinerie de réseaux éloignés. C'est le bruit analogique de l'époque de la communication à distance - plein d'enthousiasme, de risque et de désir de traduire et de comprendre l'inconnu.

Dans "Impossible Translation #3" d'Alberto Bernal, l'image est traduite en son : Scènes de la vie quotidienne dans les pays en développement, protestations, événements boursiers - tout cela est transposé dans le vocabulaire des percussions. Les clips vidéo utilisés sont chacun associés à un son particulier, ce qui crée un lien forcé et pourtant toujours raté. Mais il ne s'agit pas d'une véritable traduction. Le son ne rend pas justice à la complexité sociale de l'image. L'image et le son restent incompatibles - comme deux personnes qui parlent et qui ne peuvent pas se comprendre.

Tous les sons ne sont pas audibles, toutes les significations ne sont pas transmissibles - mais j'ose essayer.

Texte de Jieru Ma (特别感谢) et Leon Neudert (对翻译工作的支持)

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