Si la veuve souhaite être interpellée, elle place l'arrosoir sur la tombe, le bec vers l'avant.

En été 1994, dans les vignobles de Heidelberg, quatre amis - tous issus de familles d'immigrés - rêvent d'un avenir meilleur. Fatih, le bricoleur et l'inventeur parmi les garçons, a une idée révolutionnaire : "Ce serait super s'il y avait une salle de répétition pour la vie" ? Dans les années 90, la soi-disant "salle d'essayage" pour le futur semble encore de la science-fiction naïve, quelques années plus tard, elle est déjà une réalité et est activement utilisée, toutes classes confondues : Il y a l'agent d'entretien qui, une brosse en poils de chèvre à la main, décide de prendre sa vie en main. Et le conseiller juridique qui est prêt à tricher pour gagner enfin contre son fils de huit ans au Memory. Ou encore la veuve Gisel de l'histoire qui donne son titre au livre, qui, après des années de solitude, aspire à faire une nouvelle connaissance et place donc l'arrosoir sur la tombe, le bec vers l'avant. Mais où est l'avant - vers la tombe ou loin de la tombe ? Saša Stanišić raconte des ruptures dans la vie de jeunes et de vieux, des destins de migrants, de pères de famille et de personnes seules, qui aspirent tous à réinventer leur vie. La metteuse en scène Jessica Glause permet à ces personnages aux rêves et aux jeux différents d'expérimenter leurs futurs possibles sur la scène du théâtre, "salle d'essayage" par excellence : L'existentiel et le soi-disant accessoire, le sociopolitiquement pertinent et le privé s'unissent ainsi pour donner une image de notre société actuelle.